mardi 1 septembre 2009
La grippe du président
La nouvelle vient de tomber. Pendant que Mondial Cabaret remplissait les salles de spectacle de centaines de spectateurs, le président colombien Alvaro Uribe a chopé la grippe A H1N1.
Tout a commencé vendredi dernier, vers quatorze heures, devant la grille de la prison pour femmes de Bucaramanga. Détenues:311. Avant d’entrer, on nous photographie et un cerbère en léger surpoids fouille grossièrement nos bagages. Il tique sur notre appareil photo. En principe, c’est interdit. Ah bon? Alors, eux ils nous obligent à être pris en photo, mais nous on ne peut pas en prendre? Après consultation de la (mère) supérieure, nous passons. On ne leur dira pas tout de suite qu’on avait aussi de l’essence et deux gros couteaux de cuisine. C’est une surprise.
Ce fut une bonne première représentation, qui nous a permis de prendre la température - caliente! - du public colombien. Grosse ambiance dans une salle surchauffée, cris, rires, sifflets, tomates. Si, si.
Sauf les tomates.
On ne savait pas que le spectacle fonctionnerait aussi bien dans un lieu aussi particulier que la prison. La seule chose dont on pouvait être sûrs, c’est que personne ne partirait avant la fin.
Pendant la nuit, le président Uribe, lui, a dormi d’un sommeil de plomb, sans penser à nous ni aux détenues de la prison pour femmes de Bucaramanga. Il a juste eu un peu chaud vers trois heures du matin.
Le lendemain matin, petit passage à la radio locale. Le soir, à Bucaramanga toujours, salle comble - près de 1000 spectateurs - à l’auditorium Luis A.Calvo. Ce n’était pas gagné puisque la salle est située dans l’enceinte de l’université, fermée depuis plusieurs jours après des affrontements entre les étudiants et la police.
Dimanche matin, pendant que le président attendait fébrilement le résultat de ses analyses d’urine, nous donnions une représentation très émouvante dans le patio de la fondation ASOPORMEN, qui s’occupe d’autistes et de trisomiques.
Pour cette belle étape, mille mercis à Amparo Caballero, directrice de l’alliance française à Bucaramanga, aux régisseurs Jesus et Wilfran, à Eliseth, Pilar, Alejandro, Maria Teresa, Gabriel, Maria Eugenia. Plein de colombiens chaleureux, dévoués, généreux, et apparemment en bonne santé. C’est quand même ballot que ce soit tombé pile sur Alvaro, non? D'autant que...non, je préfère m'arrêter là.
Faudrait pas que le président nous prenne en grippe.