dimanche 29 avril 2012
mardi 24 avril 2012
Flash-Back : Zambie
Il est des représentations où le spectacle prend tout son sens. Nous nous inspirons de la tradition du cabaret, qui a toujours brassé les classes sociales. Aujourd’hui, le brassage se fait à l’échelle mondiale. C’est pourquoi nous voulons que notre spectacle soit vu par les publics les plus divers, et surtout ceux qui n’ont pas accès au théâtre.
Nous jouons à Lusaka dans une école communautaire qui permet à des enfants défavorisés d’apprendre, dans un pays où l’école est réservée aux riches. Le regard de ces enfants sur notre travail enrichit le spectacle, lui donne une autre dimension, lui insuffle une essentielle vitalité.
Grégoire Brault est le premier à nous avoir fait confiance et à nous avoir invités en Afrique pour jouer à l’alliance française de Lusaka. Nous le remercions encore davantage d’avoir eu l’initiative de cette belle rencontre hors des sentiers battus, dans le rire des enfants, dans le vertige de l’innocence.
lundi 23 avril 2012
Rêve de Cochin
Abidjan, ville sinistrée. La vie a quitté ces rues du quartier du Plateau, jadis prospère, où les gens ne vivent ni ne sortent plus. Il est très difficile de faire revenir le public au Centre Culturel Français, traumatisé pas les crises successives, proche de l’éboulement. Passé dix huit heures, c’est ville morte, rues désertes, façades qui se lézardent autour des impacts de balles qui nous rafraîchiraient si nécessaire une mémoire encore à vif.
Comme l’analyse si pertinemment l'inénarrable Achille Mouébo :
Arrêtez arrêtez arrêtez
La guerre ce n’est pas bon
Elle détruit en un clin d’œil
Ce que la vie construit en plusieurs années
Oui, c'est vrai, on dirait un sketch de Gad Elmaleh à l'époque où il était drôle et talentueux.
Abidjan, donc. On nous avait vanté les folles soirées abidjanaises, elles n’existent plus. Ou alors bien cachées. Ou alors pas un mercredi soir…qui sait ? En dehors des hauts lieux emblématiques du désastre politique, nous ne trouvons pas grand chose à nous mettre sous la dent, rien pour nous égayer l’esprit ou nous réchauffer le corps.
Toujours est-il que le véhicule de notre chauffeur s’engage tranquillement dans le parking des urgences de la polyclinique internationale du quartier des ambassades, quand un vigile patibulaire nous barre la route :
- C’est pour les urgences ? Veuillez sortir du véhicule.
- Non, non, c’est pour l’hôtel.
- Ah pardon, passez.
L’hôtel Ivotel 2 partage donc les murs de la polyclinique. En bas de l’immeuble, pas d’enseigne, juste un gardien qui nous dit que c’est au troisième étage. L’immeuble est en travaux et nous croisons les peintres et maçons en rasant les murs de l’ascenseur pour ne pas nous retrouver enduits de plâtre. Troisième étage, il y a bien une porte qui indique que c’est la réception, qui a l’air de tout sauf d’une réception.
Arrivée dans les chambres où nous nous demandons s’il fallait être à jeun pour la prise de sang. Car tout est encore là : les prises au-dessus de la tête de lit pour brancher la perfusion, la rambarde de sécurité pour se tenir aux toilettes, le sol vert laqué (pour permettre un meilleur nettoyage des traces de sang ou déjections)
Il se dégage de l’ensemble un charme hospitalier glauque à côté duquel Horst Tappert aurait bonne mine. Il y a tout de même des avantages: les chambres sont grandes, surtout celles de l’ancien service de rhumatologie, qui comporte des « suites » : 60 mètres carrés sans meubles, que nous baptiserions bien Candeloro, car on peut y patiner en toute liberté sans risquer de casser le mobilier absent.
Le slogan de l’hotel, c’est Ivotel 2, c’est mieux que chez vous.
Alors, est-ce que c'était vraiment mieux que chez nous ?
Si nous avions été en phase terminale d’un cancer du colon, c'est possible.
Mais quand on a juste une petite chiasse, ça se discute.
vendredi 13 avril 2012
Les jours avec et les jours sans
Centre culturel de Mindelo.
Nous créons pour la fin du spectacle un petit hommage à Cesaria Evora, et l’émotion qui saisit le public nous bouleverse, comme la standing ovation qui clôt la représentation. Seul le spectacle vivant permet parfois d’atteindre cette immédiateté qui confine au miracle et à l’harmonie, cette évidence de l’instant présent, quelque chose qui, furtivement, ressemble à la grâce. Nous sommes heureux car les yeux embués d’émotion qui nous saluent nous prouvent que nous avons visé juste et touché au cœur.
Praia, deux jours plus tard. Le cinéma menace de s’effondrer, le montage s’éternise. Nous avons envie de pleurer plutôt que de jouer et la représentation débutera avec plus de deux heures de retard dans des conditions techniques proche du cauchemar. On n’y croit plus, et pourtant le public est là, qui nous redonne la foi. Et le spectacle renait de ses cendres, porté par les rires, les applaudissements, et la générosité de ceux qui nous accueillent et savent si bien le faire.
Ces trois représentations au Cap-Vert ( Sal, Mindelo, Praia ) nous laisseront le souvenir de quelques difficultés, de trop d’efforts et de concessions, mais surtout d’humanité partagée sur scène et au quotidien, et nous en sortons grandis, émus, avec une ferveur retrouvée, et la preuve, une fois encore, que rien n’est joué d’avance.
Nous créons pour la fin du spectacle un petit hommage à Cesaria Evora, et l’émotion qui saisit le public nous bouleverse, comme la standing ovation qui clôt la représentation. Seul le spectacle vivant permet parfois d’atteindre cette immédiateté qui confine au miracle et à l’harmonie, cette évidence de l’instant présent, quelque chose qui, furtivement, ressemble à la grâce. Nous sommes heureux car les yeux embués d’émotion qui nous saluent nous prouvent que nous avons visé juste et touché au cœur.
Praia, deux jours plus tard. Le cinéma menace de s’effondrer, le montage s’éternise. Nous avons envie de pleurer plutôt que de jouer et la représentation débutera avec plus de deux heures de retard dans des conditions techniques proche du cauchemar. On n’y croit plus, et pourtant le public est là, qui nous redonne la foi. Et le spectacle renait de ses cendres, porté par les rires, les applaudissements, et la générosité de ceux qui nous accueillent et savent si bien le faire.
Ces trois représentations au Cap-Vert ( Sal, Mindelo, Praia ) nous laisseront le souvenir de quelques difficultés, de trop d’efforts et de concessions, mais surtout d’humanité partagée sur scène et au quotidien, et nous en sortons grandis, émus, avec une ferveur retrouvée, et la preuve, une fois encore, que rien n’est joué d’avance.
mercredi 4 avril 2012
Ausencia
Par la bulle irisée du hublot, la mer, entre les nuages. Les vagues qui flagellent la côte, comme pour punir les rochers.
Rochers fiers, rochers immuables, qui nous interpellent en restant de marbre. Rochers qui résistent, quand nous ne faisons que passer. Rochers qui nous questionnent.
Combien de fois les yeux écarquillés sur le monde qui s'éloigne, combien de rituels aéroportuaires encore, combien d'adieux pour nous faire rebrousser chemin?
Apprendrons-nous jamais?
Ce matin nous avons posé nos roses et nos mains blanches sur un petit carré de terre, au cimetière de Mindelo. Sur la tombe de Cesaria Evora.
A chaque fois que l'on frôle un mort, à chaque fois que l'on quitte, à chaque fois que l'on embrasse une dernière fois, le choeur de nos disparus résonne. Comme autant de voix pleines ou vaporeuses, sauvages ou mélancoliques, graves et brisées. Qui racontent les terres natales, les steppes ancestrales, les peines perdues, le déracinement des grands voyageurs, l'absence d’un père, la désolation, le sentiment d’impuissance, les bleus à l’âme, les premières rides, la désunion, l'inéluctable.
A présent, la terre se dérobe, s'efface, flotte dans les limbes neigeuses d'un nuage, puis nous revient transfigurée. Une autre île, une autre terre, un nouveau monde. Comme pour y croire encore, comme un élan, comme une promesse.
Promesse d'aéroports, de retrouvailles, d'espoirs fugaces.
Promesse de quelqu'un qui comprendrait ce que nous sommes.
Promesse de quelqu'un qui nous attendrait quelque part, et saurait nous aimer encore.
Rochers fiers, rochers immuables, qui nous interpellent en restant de marbre. Rochers qui résistent, quand nous ne faisons que passer. Rochers qui nous questionnent.
Combien de fois les yeux écarquillés sur le monde qui s'éloigne, combien de rituels aéroportuaires encore, combien d'adieux pour nous faire rebrousser chemin?
Apprendrons-nous jamais?
Ce matin nous avons posé nos roses et nos mains blanches sur un petit carré de terre, au cimetière de Mindelo. Sur la tombe de Cesaria Evora.
A chaque fois que l'on frôle un mort, à chaque fois que l'on quitte, à chaque fois que l'on embrasse une dernière fois, le choeur de nos disparus résonne. Comme autant de voix pleines ou vaporeuses, sauvages ou mélancoliques, graves et brisées. Qui racontent les terres natales, les steppes ancestrales, les peines perdues, le déracinement des grands voyageurs, l'absence d’un père, la désolation, le sentiment d’impuissance, les bleus à l’âme, les premières rides, la désunion, l'inéluctable.
A présent, la terre se dérobe, s'efface, flotte dans les limbes neigeuses d'un nuage, puis nous revient transfigurée. Une autre île, une autre terre, un nouveau monde. Comme pour y croire encore, comme un élan, comme une promesse.
Promesse d'aéroports, de retrouvailles, d'espoirs fugaces.
Promesse de quelqu'un qui comprendrait ce que nous sommes.
Promesse de quelqu'un qui nous attendrait quelque part, et saurait nous aimer encore.
À Daniel, à nos amours, à la douloureuse beauté du monde.
mardi 3 avril 2012
Le Cap Vide
Disons-le tout net : c’est un échec (Thérèse).
Nous sommes à Sal, le montage s’est très bien déroulé, et Santos, notre super technicien local, a même porté des tables sur sa tête.
La lumière est belle, nous sommes heureux, pas de buzz dans les enceintes, bref : tout baigne. Nous sommes sereins, détendus, prêts à en découdre avec les Cap-Verdiens, que nous attendons de pied ferme à 21h pétantes.
N’étaient les miracles de bienveillance et de dévouement déployés par Paulo Pais, qui fait mieux que nous accueillir ici, nous pourrions commencer, dans la vacuité silencieuse des lieux à l’heure dite, à nous préoccuper du remplissage de cette salle de 300 sièges, qui résonne comme la piscine de Saint-Germain-en-Laye un mercredi midi.
Nous sommes à Sal, le montage s’est très bien déroulé, et Santos, notre super technicien local, a même porté des tables sur sa tête.
La lumière est belle, nous sommes heureux, pas de buzz dans les enceintes, bref : tout baigne. Nous sommes sereins, détendus, prêts à en découdre avec les Cap-Verdiens, que nous attendons de pied ferme à 21h pétantes.
N’étaient les miracles de bienveillance et de dévouement déployés par Paulo Pais, qui fait mieux que nous accueillir ici, nous pourrions commencer, dans la vacuité silencieuse des lieux à l’heure dite, à nous préoccuper du remplissage de cette salle de 300 sièges, qui résonne comme la piscine de Saint-Germain-en-Laye un mercredi midi.
Ce jour-là, à Sal, île morose du Cap Vert, fleuron touristique dans toute sa décrépitude de masse, nous aurons vu des prostituées, des italiens saouls, des vendeurs ambulants sénégalais, des dizaines de maisons à vendre, mais de public, point.
Ou presque : 20 personnes selon les organisateurs qui, comme le savent les syndicalistes, voient large.
Depuis que ce spectacle existe, nous l’attendions et le redoutions, ce bide. Sans savoir que c’est lui qui nous attendait, depuis toujours, ici, à Sal. Dans la terre rouge foulée par les pas vulgaires du tourisme turgescent.
Nous jouons, de notre mieux, mangeons mal, buvons beaucoup, et rentrons dans notre apart’hotel nous laisser bercer par notre Ipod et « Achille Mouébo, l’homme qui se sert de plusieurs styles pour avoir aucune limite ».
Ou presque : 20 personnes selon les organisateurs qui, comme le savent les syndicalistes, voient large.
Depuis que ce spectacle existe, nous l’attendions et le redoutions, ce bide. Sans savoir que c’est lui qui nous attendait, depuis toujours, ici, à Sal. Dans la terre rouge foulée par les pas vulgaires du tourisme turgescent.
Nous jouons, de notre mieux, mangeons mal, buvons beaucoup, et rentrons dans notre apart’hotel nous laisser bercer par notre Ipod et « Achille Mouébo, l’homme qui se sert de plusieurs styles pour avoir aucune limite ».
lundi 2 avril 2012
J'avoue, j'en ai bavé. Pas vous?
Si cette tournée africaine est parfois cause d'un certain épuisement physique et moral, entre décalages horaires, salles d'embarquement, problèmes techniques et logistiques, elle n'en demeure pas moins haute en couleurs et riche d'improbables et revigorantes images...à suivre: Cap Vert, Côte d'Ivoire, Sénégal, Ghana, Erythrée, Togo, Bénin...
dimanche 1 avril 2012
Ambiance de la brousse?
Harare, Capitale du Zimbabwe. Quelques rares heures à tuer. C’est donc en 4X4, armés d’un Bridge ultra léger ( n’en déplaise à Line Renaud) , que nous découvrons la faune environnante. Le tonnerre gronde, la pluie n’est pas loin, la piste est plus défoncée que Joe Cocker à Woodstock, et nous songeons soudain avec irritation à l’ancien tennisman qui berça jadis les foyers hexagonaux avec cette rengaine aux accents fleurant bon le Banania : Saga Africa, ambiance de la brousse /Saga Africa, attention les secousses, ce qui lui valut de devenir et de rester trop longtemps la personnalité préférée des français.
Mais peu importe si les mélodies indigentes de notre rasta redressé fiscal sont à la musique africaine ce que le saut à l’élastique est la conquête de l’espace, ici on oublie tout dans la grâce des girafes, dans la psychédélie seventies des zèbres, dans la puissance médiévale des rhinocéros, on pardonne, on est magnanime, on en oublierait presque que le Zimbabwe est le dernier pays à avoir aboli l’apartheid.
Mais peu importe si les mélodies indigentes de notre rasta redressé fiscal sont à la musique africaine ce que le saut à l’élastique est la conquête de l’espace, ici on oublie tout dans la grâce des girafes, dans la psychédélie seventies des zèbres, dans la puissance médiévale des rhinocéros, on pardonne, on est magnanime, on en oublierait presque que le Zimbabwe est le dernier pays à avoir aboli l’apartheid.
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