A la question : « Quoi de neuf ? », on raconte que Sacha Guitry, qui n’était pas la moitié d’un con, répondait : « Molière » !
A la question : « Que reste t’il du génocide rwandais ? », nous serions malheureusement tentés de répondre : « Corneille ».
Nous voulons parler du flegmatique fredonneur de mélodies mièvres et de refrains tartes qui déversa sur l’hexagone une soupière de tubes indigents qui groovaient moins que « L’amour est cerise » de Jean Ferrat mais qu’on a quand même écoutés parce que nous n’avons pas suffisamment d’oreille pour constater que ce n’est pas parce qu’on est noir qu’on a forcément le rythme dans la peau et qu’en plus on a bien aimé le plan marketing d’Universal qui nous avait rabâché toutes interviews confondues cette histoire de jeune homme propre sur lui et bien élevé bien qu’il soit issu d’un peuple qui a beaucoup souffert car rescapé du génocide rwandais où si j’ai bien compris les Tutsi (sans Dustin Hofman) massacrèrent les Hutu ( ou rien ? ) et qui comptabilisa un million de victimes il n’y tellement pas si longtemps de cela que mes draps s’en souviennent.
Là où Abidjan porte douloureusement les stigmates de ses drames, Kigali sourit et se refait un avenir. C’est une capitale modèle, belle, propre, et pleine de charme car le président fait tout pour : avec une volonté opiniâtre, il lutte contre les déchets dans les rues en verbalisant systématiquement les impétrants, met à l’amende les parents qui n’emmènent pas leurs mômes à l’école, interdit les sacs en plastique, rénove, construit, éduque. Un pays phénix, qui renait de ses charniers, et panse si bien ses blessures immenses qu’on n’y voit plus que de la vie, de l’effervescence et de la joyeuse sérénité. A l’image du quartier de Kimisagara, pourtant le plus pauvre de la ville, qui ressemble autant à un bidonville que Régine à Natalia Vodianova.
C’est là que nous donnons le spectacle, dans une grande salle, entre les équipements sportifs fonctionnels d’une école pour les plus pauvres, qui elle aussi est un modèle.
Au Rwanda nous n’avons pas vu les gorilles dans la brume, principale attraction touristique, ni les villages, ni les campagnes, et sans doute pas pu observer des facettes moins idylliques de la politique menée, mais force est de constater que ce que nous avons vu est plus que convaincant. Et surtout, nous avons vu un peuple qui s’est relevé comme un seul homme d’un des génocides les plus atroces du siècle, en quelques années, ce qui n’est pas sans nous donner une certaine leçon.
Après ça, j’ai relu Corneille, et finalement, je retire ce que j’ai dit, c’est pas si mal.