mercredi 9 septembre 2009

Cali c'est fini!



Rassurons-nous: le grand auteur français aux phrases aussi subtilement poétiques que:

je crois que je ne t'aime plus
elle m'a dit ça hier
ça a pété dans l'air
comme un vieux coup de tonnerre


ne vient pas de trépasser, non, non. Aux dernières nouvelles, l’inénarrable chanteur français Bruno Caliciuri, dit Cali, se porte comme un charme.

Nous aimerions pouvoir en dire autant, qui quittons Cali comme en douce, à quatre heures du matin, dans un van aux vitres fumées, en laissant derrière nous sourires complices, témoignages d’amitié profonde, moments de partage et de grâce.



S’il nous fallait choisir, parmi les six concerts effectués dans le cadre du festival Ajazzgo 2009, le moment qui nous aura le plus marqués, ce serait, peut-être, les numéros de cabaret élaborés et partagés avec Shirley Santa et ses étudiants.

Ou bien la rencontre improbable avec un régisseur de onze ans, ou les apéros avec nos techniciens géniaux - et maintenant amis - Gustavo et Oscar Eduardo.

Peut-être aussi choisirions-nous la rencontre avec les étudiants de l’Université del Valle, peut-être encore l’accueil plein d’humanité de Beatriz Monsalve, directrice du festival et responsable avec Diego Pombo du Teatro Salamandra. Merci à vous et à votre équipe extraordinaire.



Mais revenons à nos grands penseurs. Au fil de ses analyses et prises de position d’une finesse et d’une complexité rarement atteintes, Bruno Caliciuri écrit encore:

je suis pendu au téléphone
mais qu'y a-t-il de plus moche ?
qu'un téléphone, aphone qui sonne et personne qui ne décroche


Ah…cette poésie sublime qui se joue de la syntaxe pour atteindre au génie! Il paraît que l’alliance française de Medellin cherche un nom à son théâtre, après avoir baptisé sa médiathèque Arthur Rimbaud. Je propose Bruno Caliciuri.



Dernière soirée à Cali, dimanche.

J’avais rencontré Beatriz Monsalve au mois de février, alors que j’essayais d’organiser la tournée de Mondial Cabaret en Colombie, elle m’avait chaleureusement ouvert les portes de son théâtre et de son festival. Pendant ces six derniers jours, elle a été d’une générosité sans faille et d’une attention de tous les instants. Dimanche dernier, nous l’attendions au Teatro Los Cristales lors d’un concert en plein air, pour la remercier une dernière fois. Mais Beatriz ne vint pas.

Quelques heures plus tard, nous la serrions dans nos bras sur le seuil d’un hôpital où sa mère venait d’être admise en urgence. Elle avait tenu à nous dire au revoir.

Alors revenons-en à la question qui taraude Bruno Caliciuri: « C’est quand le bonheur? »

C’était là.