lundi 28 septembre 2009

One night in Mompox



Mompox. Ecrasée de chaleur. Ses somptueuses bâtisses coloniales. Ses fonctionnaires paresseux et corrompus. Ses moto-taxis poussiéreux à six cents pesos la course. Sa radio d’un autre âge. Ses hôtels hors saison. On rénove à tout va. On redresse les maisons des quartiers qui espèrent le touriste. Pendant que d’autres pans de la ville se fissurent. Derrière ses façades blanches et craquelées, des jardins tropicaux, des patios, des meubles qui sentent bon la cire, vestiges d’une époque somptuaire aujourd’hui révolue, derniers parfums d’un luxe éteint. Mompox l’inaccessible est devenue patrimoine de l’humanité. Belle endormie.

Qu’elle croûle, séduise, paresse, Mompox ne laisse pas indifférent. Sanctuaire d’histoire et de poésie, louée dans les romans de Gabriel Garcia Marquez, berceau de la Colombie…nombril du monde? Jadis capitale des métaux précieux, on y travaille toujours l’argent avec un savoir-faire unique. On y enseigne les plus vieux métiers du monde, à l’exception de celui auquel vous pensez, qui ne s’apprend pas.

Un lieu pour tous ces savoirs: Escuela Taller. Une école, un atelier où l’on vient des quatre coins de la Colombie pour apprendre le travail du bois, du métal ou encore la cuisine traditionnelle. Un lieu de partage, d’échange, de transmission.

C’est dans ce superbe patio ombragé que nous avons rencontré le public de Mompox. Un public ami. Attentif. Chaleureux.


La nuit vient de tomber. Une lune diffuse et inversée nous embrasse dans son halo timide. Nous venons de donner ce qui fut peut-être notre plus belle représentation à ce jour. Nous goûtons un repas simple préparé par les étudiants. C’est bon, et bienveillant.

Les pensionnaires de l’école réorganisent les lieux. Quelques-uns nous saluent, nous félicitent.

Le directeur des lieux, les responsables, l’autorité, sont déjà loin, ronflant sous les pales des ventilateurs laborieux. Ne restent que les étudiants, et le gardien des lieux. Un homme simple, qui prend la parole, solennel, et nous remercie. Il est ému. Et émouvant.

Nous quittons Mompox sur un nuage. C’est quand même plus confortable qu’un bus.